Les derniers voyages d’Alfred Métraux

2 - À Vicos avec les délégués du projet


« Dans un site farouche. »


Réunion des délégués du « projet Vicos »

On nous convie à assister à une réunion des délégués des dix zones dans lesquelles est répartie la propriété. Ils sont assis sur des bancs le long du mur d’une chambrette (…) Très belles têtes d’Indiens ou plus exactement de paysans. (…) Je leur fais un discours quelque peu révolutionnaire. Mes paroles me valent de nombreuses approbations, des « merci ». (…)

« La vie a changé.. nous sommes contents »

Le leader me dit " La vie a changé. Nous n’avons plus de patron, nous ne prêtons plus le service de semaneros, nous ne charrions plus les récoltes à la ville. Cette année, nous avons planté 1000 sacs de pommes de terre…"
Au dehors flûte et tambours. C’est une aubade en mon honneur. (..) On nous force à exécuter quelques pas de danse.

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Dans une cour deux Indiens assis qui me demandent l’aumône ou des cigarettes (…) Ils viennent tous me saluer sur la terrasse. Quelques uns font encore le geste de baiser la main, d’autres esquissent l’abrazo. Ils ne cessent de répéter « nous sommes contents, nous sommes contents » Cette phrase revient d’ailleurs dans tous les propos. Hilario, le plus progressiste des Indiens qui a refait sa maison et y a installé la lumière électrique, a perdu sa jambe en travaillant sur la route dans une équipe louée par le patron. Les Indiens de Vicos étaient loués par leurs patrons dans les haciendas de la costa. Ils devaient emporter leurs propres vivres pour un mois.