Les derniers voyages d’Alfred Métraux

4 - Fernande sur la route de Pucallpa


« Nous aurons fait 288 kms en 16h... les camions vont comme d’énormes bêtes, pesantes et sûres… »


Etape à Huánuco

Je perçois quand même dans ce pauvre bourg de Huanuco la tristesse sud américaine dont parle si souvent A.
La splendeur singulière du paysage ne modifie en rien cette tristesse qui n’a certes pas l’âpreté du haut plateau, mais qui pour être différente de cette dernière, n’en est pas moins forte.
Il n’y a rien qu’un climat exquis, un paysage grandiose, une nature somptueuse et là-dedans de pauvres hères

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qui ne sont d’ailleurs pas pauvres mais désespérément loin de tout. Cette insularité qui m’a parfois si fort fascinée m’effraie beaucoup à présent.


Passage à Tingo-Maria

Cet après-midi, je traîne au marché misérable et typique à souhait...

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Je suis loin, très loin de ces délices du dépaysement. Voilà l’Amérique que je m’imaginais, aidée d’ailleurs par le cinéma. Un juke-box diffuse de la musique mexicaine et péruvienne – musique de la sierra – admirable avec ces voix hautes et criardes de femmes, mélodies monotones, aigües et mélancoliques qui m’enchantent.


Le 27 août à Yarinacocha

Un café épicerie devant la porte une femme très enceinte racle avec une espèce de moulin un bloc de glace, recueille les raclures dans un verre, plante un bâton dans le glaçon ainsi formé, le sort du verre, fait couler dessus une ou deux sortes de sirop et voilà une glace rudimentaire.
Je descends à l’anse où quelques femmes lavent près des pirogues. Elles sont belles, quasi nues. La beauté de leurs gestes est frappante.
Dans l’école du village, les enfants répètent une leçon.

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Le ronron monotone de leur voix sur la petite place brûlée de chaleur me rappelle certaines descriptions de romans africains
28 août
Le lac, hormis dans la partie où se joue le jeu de l’aube est noyée de nuages de brume assez fabuleux.