Les derniers voyages d’Alfred Métraux

5 - Chez les Indiens du haut Cuyuni


« Le village de Jawalla est situé près de l’embouchure du Kukuy River. Il comporte deux sections : l’une, Kukuy mouth, est située à l’embouchure de la rivière : l’autre, la plus importante, un peu en retrait. »


Au village de Jawalla

Après l’installation à Jawalla : Ce matin, trouvé un pagayeur de bonne volonté pour nous emmener jusqu’à une petite plage de sable à quelques 500 mètres de là (…) Je me déshabille et me lave et fais ma lessive dans le fleuve dont l’eau est noire à souhait, moins cependant dit A. que le Rio Negro au Brésil.(…) L’eau est fraîche et savoureuse. Bonheur du corps. Je ne m’étais point du tout lavée de deux jours et j’en souffrais bizarrement, ou plutôt mon malaise frisait la douleur (…)

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Nous voyons passer un Indien en pirogue d’écorce. Il est habillé comme sur les vieilles images des Caribes. Une ceinture passée dans les fesses et à la taille maintient devant un suspensoir. Le tout en étoffe rouge sur son beau corps brun.


Deux hommes viennent nous chercher

dans une pirogue de bois. Ils sont habillés en jeans et l’un porte un drôle de chapeau de cow-boy.
Un petit gosse tout nu passe la journée dans la maison qui nous est attribuée. C’est Ricki. Il est nu comme un ver, solide, carré avec un beau teint brun, les yeux obliques en amandes, la cornée très blanche, le nez un peu épaté, la bouche joliment dessinée, un gracieux sourire par lequel il répond au mien. Il habite avec sa grand-mère.

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Les chiens maigres, malingres et souffrants (…) On ne les nourrit point, ils sont censés se débrouiller seuls aussi n’ont-ils que le produit de leurs vols. A. dit qu’il vit au Chaco des chiens bien plus maigres n’ayant que la peau sur les os et dans un tel état de famine qu’ils mangeaient les excréments humains. A s’indignait que les Indiens ne les tuent pas plutôt que de les laisser ainsi souffrir, les Indiens s’indignaient d’une telle idée.


Vocation manquée ?

A. périodiquement déclare qu’il aurait dû être missionnaire catholique. Il eut passé toute sa vie, dit-il, avec les Indiens loin de la civilisation. Il eut été très heureux.

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Ce soir plusieurs Indiens sont venus nous rendre visite. Ils ont partiellement débarrassé la maison, nous ont offert des bananes, nous ont fabriqué un support pour notre seau d’eau comme une planchette montée sur pilotis qui arrive à la hauteur de notre fenêtre.


Guyaneries, récit de Fernande

Sur le village et les Indiens Akawaio

Dans une maison, celle du chef Adam, deux cloisons peu élevées séparent l’espace occupé par trois ménages : celui du chef, celui de sa fille et de son gendre, et celui d’une nièce ( ... )
Ces huttes sont ovales ou de simples hangars rectangulaires. Le toit est en feuilles de palmier. L’intérieur est strictement indien : des feux, auprès desquels des chiens hargneux et miséreux somnolent. Partout, des grandes calebasses, des nattes, des paniers. Sur les étagères, des arcs, des flèches et des lignes de pêche. Les platines à manioc sont de grandes plaques de pierre.

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Les Akawaio ne prennent dans leur rivière que de minuscules poissons, qu’ils font rôtir à même le feu. Hier soir, un homme en pirogue pêchait à la ligne. Leur alimentation est pauvre : le fond en est la cassave. Chaque matin, avant le lever du soleil, le premier bruit que l’on perçoit est le léger crissement des tubercules que l’on râpe. Pour maintenir la pression, les indiennes utilisent des bâtons à encoches qui leur permettent d’accroître la pression à mesure que le jus s’écoule. Ce n’est que lorsque le levier est au bas de la poutre que la ménagère s’assied à son extrémité.
Au milieu du village, une grosse hutte rectangulaire fermée : la maison du culte d’Hallelujah (…) Les Indiens, membres de la secte, s’y réunissent pour chanter, danser et prier. La capitale religieuse de la secte est Karamoikoto, où réside le grand-prêtre Adam. On m’assure qu’il doit bientôt venir au village pour y célébrer une grande cérémonie. La plus grande partie des Indiens de Jawalla professent la religion Hallelujah. Les seules manifestations observées par nous sont les chants presque chamanistiques qui s’élevaient le soir d’une maison. Selon le maître d’école, les membres de la secte entonneraient ces chants au milieu de la nuit et avant l’aube.


Iris et sa tante

A une extrémité du village, habite une famille légèrement plus traditionnelle que les autres. La hutte qu’elle occupe est du type ovale, en palissade. Les fillettes de 5 à 8 ans portent sous leur robe le tablier en perles de verre.
La vieille femme tatouée qui loge à côté de chez nous et qui est la tante d’Iris, notre bonne, continue à porter son tablier sous sa robe.

Ces fillettes de 4 et 5 ans, leur sérieux, leur gravité, leur flegme. Elles tiennent à la main un vieux peigne malpropre et très cassé avec lequel je les peigne. Elles se laissent faire.