Samedi 22 juillet : De Jawalla à Pilipai et Amakokupai
A Pilipai, nous sommes reçus par le pasteur Berg, sa femme, ses quatre enfants et une nurse. On nous assigne la guest house, cabane sur pilotis. Sitôt installés, nous apprenons que les Indiens d’Amokokupai, qui appartiennent à la secte Hallelujah, vont célébrer ce qu’on appelle un spree, une bacchanale que le pasteur nous décrit comme étant particulièrement immorale : excès de boissons et débauches sexuelles
7 - Encore plus au sud vers le Mont Roraima
Vers le Mont Roraima
Remontée de la rivière Kukui jusqu’au village de Pilipai
Arrivée au village d’Amokokupai
Une heure un quart de chemin au rythme de marche indien avant d’arriver au village d’Amokokupai (…) Promenade à un rythme rapide. La forêt sent alternativement le sucre écrasé et dans les parties qui déjà évoquent la savane une odeur de maquis très forte. Amokokupai est au sommet d’une butte à la montée très rapide.
Dehors on boit du kachiri. On hésite un long moment à nous en offrir puis après une série de conciliabules, timidement on se risque. Nous acceptons puis en échange offrons des cigarettes. (…)
On nous apporte un petit banc et les gens commencent à chanter et à danser – un chant monotone et très scandé.
Un homme est mordu par un serpent
Incident : un type (…) s’est fait piquer à la cheville par un serpent. Conflit avec A. en venant car il avait, par avarice, refusé de mettre des baskets neuves, tenant à mettre des sandales usées et déchirées dans lesquelles il glisse – ayant enlevé ses socquettes qu’il ne remet pas car on passe des gués. Il ne veut pas, de peur de gâter ses vieux pantalons, les porter de sorte qu’il les relève et ne les baisse que furieux à force d’insistance de ma part à cause des serpents. On vient de chercher A. car l’homme piqué par le serpent commence à vomir.
Je rends visite au malade, étendu dans son hamac et qui m’indique que la douleur a atteint l’aine Une vieille femme apporte une pièce d’étoffe dont elle a fait une sorte de hamac. On y appose le pied du malade qui, ainsi, se trouve surélevé et au-dessus du feu. Croyant assister à quelque pratique traditionnelle, je n’interviens pas.
Dimanche matin messe à Pilipai
Dimanche 23 juillet 1961
A 11h, je vais à l’église. (…) Dans son sermon, Berg rappelle aux Indiens que leur attachement ne doit pas dépendre des biens qu’ils espèrent recevoir des missionnaires, mais doit provenir d’une source intérieure. Ils doivent sentir Dieu en eux et connaître le bonheur de cette présence. A la fin du sermon, il demande si quelqu’un ressent en lui ce sentiment, cette joie.
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Personne ne bouge. Il reste debout, tapotant la table avec ses doigts de façon impatiente.
Le soir, dîner chez le pasteur. Il y a un enfant mourant dans le village, dont la nurse s’occupe. Les parents ont appelé le piaichang. Le pasteur ne s’en indigne pas trop et va même jusqu’à dire que le chamane n’est pas un mauvais diable. Le pasteur laisse entendre que les piaichang dans leurs exorcismes vont très loin, laissant entendre par là qu’il leur arrive de convoquer le diable. Les piai auraient peur de la lumière, qui risquerait de les faire mourir.
Anecdote de la séance qu’il fit cesser simplement en menaçant le piai de projeter sa lampe électrique dans la hutte.